Bonjour Benoît Maury ! Pouvez-vous vous présenter, ainsi la société que vous avez cédée ?
Bonjour Frédéric, merci de me permettre d’apporter mon témoignage, que j’espère utile pour les futurs cédants !
Je suis Benoît j’ai 29 ans et je viens de la région de Bergerac en Dordogne.J’ai créé la société Welyb en 2017 après un cursus d’expertise comptable. Ce dernier m’avait permis de réaliser que, compte tenu de la digitalisation des entreprises, les usages et les échanges gagneraient à se simplifier. Et plus particulièrement pour l’expert-comptable, s’il voulait continuer à rester le conseil de proximité préféré des entrepreneurs !
Welyb permet donc aux entreprises de simplifier leurs échanges avec leurs clients. C’est un portail collaboratif et une app qui collecte automatiquement les documents de l’entreprise (factures, pièces sociales…) en parfaite interconnexion avec les outils de ses propres clients.
Je suis investi à plein temps au sein de Welyb depuis 2018.
Qu’est-ce qui vous a amené à céder Welyb ?
Il y a deux facteurs, l’un personnel et l’autre « de marché ».
A titre personnel, je voulais consacrer davantage de temps à des projets ayant un fort impact social et écologique. Côté marché, je sentais aussi que Welyb arrivait à un moment charnière : soit nous réalisions une nouvelle levée, sinon il fallait nous adosser à un groupe pour disposer d’autres moyens face à la concurrence et pérenniser le développement de la société. En tous cas ce n’était pas pour des raisons de trésorerie, puisque nous avions 6 à 7 mois de cash runway devant nous.
Comment avez-vous rencontré votre futur repreneur ?
Par l’intermédiaire de notre banquier conseil, nous avons approché des groupes qui correspondaient à nos critères.
Nous ne cherchions pas exclusivement des acteurs de l’expertise-comptable, et puis il y avait aussi des gens en train de se positionner sur ce secteur à ce moment-là. Assez rapidement, nous avons reçu des propositions de rachat, dont une qui retiendra notre attention et nous donnera l’occasion de lancer un process organisé.
Au final, ça s’est plutôt bien passé.
Justement, avec quel partenaire avez-vous travaillé lors de cette opération ? Est-ce que vous recommanderiez systématiquement à de futurs cédants de se faire accompagner ?
Au départ nous hésitions à faire appel à un banquier d’affaire. Et puis Renaud Guillerm (Managing partner de Side Capital), qui nous avait accompagné lors d’une précédente levée, nous a rapidement convaincus de cette option. Renaud nous a permis de rencontrer différents banquiers de son réseau. Nous avons retenu celui qui nous offrait, certes des conditions financières compétitives, mais aussi le meilleur fit au plan humain. Je voudrais souligner que si les fees représentent un coût conséquent pour l’opération, ils sont aussi un bon investissement. Je ne regrette vraiment pas notre décision, car seuls nous n’aurions pas été en mesure de négocier aussi bien avec le repreneur, et peut-être même de boucler le process !
Qu’est-ce qui a fait pencher la balance pour votre repreneur ? Quelles qualités avez-vous privilégiées chez lui ?
Nous cherchions un acteur important, qui présente des synergies métier et qui souhaite pérenniser l’existant produit / équipe / et culturel de Welyb. La culture est un point clé, car nous fonctionnions dans un certain cadre de travail (transparence, bienveillance, 100% télétravail…). Il était primordial que l’équipe puisse continuer ainsi.
Autant de garanties que le groupe Isagri a su nous apporter, si bien qu’il n’y a eu aucun turnover sur les 17 salariés ! Et puis nous connaissions déjà le groupe depuis quelques années.
Du coup, comment l’opération s’est-elle débouclée ?
Le process a duré quasiment 8 mois, d’octobre-novembre 2022 à un accord de principe en avril, qui a précipité les choses pour aboutir à une signature en juillet dernier. Quant au prix de cession, il s’est avéré satisfaisant.
S’agissant des clauses particulières (garantie de passif, earn-out…), il y en a de nombreuses à regarder de près ! Mais c’est aussi là où l’on attend notre banque au tournant, sur son rôle de conseil.
Or, elle a su nous guider tout au long du process de négociation. Il faut savoir que la négo imprime un rythme particulier et qu’il est crucial de suivre : laisser votre acheteur parler, savoir dévoiler ses cartes pas après pas, n’accorder une concession que si vous avez une contrepartie en face, etc. Un exercice qui nous aura beaucoup appris !
De votre expérience, à quels aspects de la cession faut-il être particulièrement vigilant ?
C’est une question importante, car au-delà de la négo pure, il y a par exemple toute la préparation amont, les due diligences. Or l’un de nos facteurs clés de succès a été, je pense, le fait d’avoir une data room bien organisée, fluidifiant le process.
Après, ce n’est pas un hasard puisque nous avons toujours veillé à bien organiser notre société, par exemple en documentant nos process sur Notion. Ça nous a donné de bonnes habitudes, aussi nous n’avons pas été surpris des prérequis demandés lors de cette phase préliminaire.
Avec le recul, quels ont été les points les plus délicats de l’opération ?
Je dirais le caractère un peu ambivalent du process, le fait de passer par des « montagnes russes ». Pour schématiser, un jour tu es millionnaire, et l’autre tu peux tout perdre (avec une boîte que du dois continuer à gérer dans ce contexte).
Idem quand tu oscilles entre le souhait de lever et l’autre de céder. Et certains éléments peuvent te faire douter ! Il y a tout un stress de basculer d’un côté ou de l’autre, un côté « quitte ou double » qui impacte fortement ta situation personnelle.
Si vous deviez refaire cette opération, changeriez-vous certaines choses ?
On peut toujours être tenté de refaire le match dans sa tête. Je citerai un petit exemple : dans les conditions d’engagement avec notre banquier, était stipulé le fait d’avoir à payer des fees moins importants si nous acceptions l’offre du premier repreneur présenté.
Nous aurions peut-être pu étendre cette clause à d’autres acteurs, que nous avions aussi en tête à ce moment…
Avez-vous un conseil aux futurs cédants ?
Tout d’abord, ne pas négliger la valeur ajoutée de l’accompagnement de bons conseils, banquier et avocat en tête. Ensuite, savoir rester focus sur le business tout au long de la cession et tant que rien n’est signé ! Dans notre cas, nous avons continué à développer sans nous laisser distraire. Le repreneur a apprécié cette sincérité et a été rassuré sur le fait que tout ne s’arrêterait pas ou ne serait pas fait à l’économie, une fois l’affaire faite !
Quelle est votre actu désormais ?
Je demeure salarié de Welyb et j’accompagne en qualité de DG la société, qui est toujours une structure juridique distincte. Toute l’équipe est restée, et elle est plus motivée que jamais au vu de notre ambition et des moyens dont nous allons disposer.